Rapport GIEC 2022 : 5 solutions concrètes
Lundi 4 avril 2022, le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) a publié le troisième et dernier volet de son sixième rapport.
Le premier s’intéressait aux preuves du réchauffement climatique et le second à ses conséquences.
Ce troisième volet est consacré aux solutions qui permettraient de limiter le réchauffement climatique pour que la planète reste “vivable”.
La bonne nouvelle, c’est que nous avons encore la possibilité d’agir.
Hoesung Lee, Président du GIEC, a ainsi précisé au Monde :
“Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement”.Hoesung Lee, Président du GIEC
Voyons ensemble quelques-unes des solutions préconisées par le GIEC pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique.
Réduire la consommation d’énergies fossiles
Avec 34 % des émissions mondiales, le secteur de la production d’énergie est celui qui produit le plus de CO2.
C’est pourquoi une “transition majeure” est nécessaire dans ce domaine.
La consommation de charbon, de pétrole et de gaz doit ainsi diminuer respectivement de 95 %, 60 % et 45 % en 2050 par rapport à 2019.
Pour compenser ces baisses, il est nécessaire de développer les énergies peu émettrices comme l’éolien, le solaire, l’hydraulique ou encore le nucléaire.
A noter : les scientifiques du GIEC s’étendent très peu sur le sujet du nucléaire.
D’abord, parce que le rapport se concentre sur les solutions à court terme (à l’horizon 2030).
Or, la construction puis la mise en service de nouveaux réacteurs nécessite beaucoup de temps.
L’EPR de Flamanville par exemple, dont la première pierre a été posée en 2007, n’est à l’heure actuelle toujours pas achevé, plus de 15 ans après le début des travaux.
Ensuite, le rapport donne des solutions à l’échelle mondiale.
Chaque pays ayant un mix énergétique qui diffère de son voisin, il n’est pas possible pour le GIEC de détailler les solutions les plus adaptées pour chacun.
Préserver les forêts et autres écosystèmes
Le secteur de l’agriculture, de la forêt et plus généralement de l’usage des terres est particulièrement important car en plus de réduire ses propres émissions, il peut capter le carbone émis par d’autres secteurs.
Côté agriculture, cela passe notamment par la réduction des engrais de synthèse, la diversification des cultures, une meilleure gestion des déjections animales…
Des changements seront également à réaliser du côté des consommateurs en privilégiant des régimes alimentaires plus riches en végétaux. La consommation de viande doit quant à elle être revue à la baisse, tout en privilégiant sa qualité.
Enfin, les forêts et autres écosystèmes comme les marais côtiers, les tourbières, les savanes et prairies doivent être préservés et restaurés.
Utiliser des modes de transport moins polluants
Les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports sont nombreuses :
- Réduire la demande de transports, notamment en développant le télétravail ;
- Recourir à des modes de transport moins polluants (comme les transports en commun) ou à des modes actifs (comme le vélo ou la marche) ;
- Investir pour favoriser ces modes de transport (pistes cyclables, trottoirs) ;
- Favoriser les véhicules électriques…
Il va sans dire qu’il est aussi essentiel de réduire les vols en avion : les experts du GIEC estiment que chacun devrait se limiter à un vol long courrier (plus de 4 000 km) par an maximum.
Développer la capture de carbone
En plus de nos efforts pour limiter nos émissions de gaz à effet, il est nécessaire de capter le CO2 pour compenser les émissions des secteurs qui ne pourront pas suffisamment réduire leurs émissions (comme l’aviation ou le transport maritime par exemple).
Des dispositifs de captation du dioxyde, comme la reforestation par exemple, sont donc à envisager.
Il existe également des solutions artificielles de capture et de stockage de CO2 (abrégé CCS pour Carbon Capture and Storage).
La plus répandue, le captage du CO2 par solvant, consiste à extraire le carbone (contenu dans une fumée produite par une activité industrielle par exemple) grâce à des procédés chimiques. Le CO2 est ensuite comprimé, refroidi et liquéfié pour être stocké.
Cette solution est malheureusement énergivore et onéreuse.
Aucune solution de CCS n’est aujourd’hui parfaitement au point.
Le GIEC note ainsi :
“Actuellement, les taux mondiaux de déploiement du CCS sont bien inférieurs à ceux des trajectoires modélisées pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C ou +2 °C”.
Mieux distribuer les flux financiers
Enfin, le GIEC estime que
“les flux financiers privés et publics vers les énergies fossiles sont toujours plus importants que ceux pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique.”
Il est nécessaire d’inverser cette tendance pour limiter le réchauffement climatique. Plus précisément, les financements destinés à limiter le réchauffement climatique devraient être “trois à six fois plus importants que les niveaux actuels”.
Conclusion
Réduire la demande de transports en commun, privilégier la marche à pied ou le vélo, limiter sa consommation de viande…
Vous l’aurez compris, le GIEC invite chacun à consommer moins d’énergie et de ressources : c’est ce qu’on appelle la sobriété.
C’est la première fois que le GIEC aborde cette notion dans l’un de ses rapports.
Nadia Maïzi, l’une des autrices, explique ainsi :
“Jouer sur la demande permettrait de réduire 40 à 70% des émissions globales de gaz à effet de serre. […] 10% des ménages les plus riches dans le monde contribuent à environ 40% des émissions globales alors que 50% des plus pauvres contribuent à environ 15%. Il y a donc une disparité dans la responsabilité. La sobriété se conçoit dans les pays riches, mais pas dans les pays où la demande n’est pas excessive, où la population cherche simplement à satisfaire des besoins fondamentaux du quotidien.“Nadia Maïzi, autrice du rapport du GIEC
Dans nos pays riches, chacun a donc un rôle à jouer.
Le but de tous ces efforts : atteindre la neutralité carbone (c’est-à-dire l’équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone) d’ici 2050.
Mais ce n’est qu’une étape ! Pour limiter le réchauffement climatique sur le long terme, il sera ensuite nécessaire d’absorber plus de carbone que ce nous émettons.
Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport du GIEC, ce résumé par francetvinfo ou encore visionner cette vidéo qui explique bien la notion de sobriété :