A l’automne 2021, le gestionnaire de réseau public RTE (pour Réseau de Transport d’Électricité) a publié une étude prospective sur le futur du système électrique français.

Nommée “Futurs énergétiques 2050”, cette étude a nécessité deux ans de travail et quarante réunions de concertation avec 120 organisations.

Nous revenons pour vous sur les principales conclusions et perspectives d’avenir.

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6 scénarios pour sortir des énergies fossiles

L’étude propose six scénarios pour sortir des énergies fossiles et ainsi atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Autrement dit, six solutions pour que la production d’électricité en France n’émette plus de gaz à effet de serre.

Les trois premiers scénarios, les “scénarios M”, prévoient un système 100 % énergies renouvelables :

  • Le premier, M0, vise la sortie du nucléaire et 100 % d’énergies renouvelables dès 2050 avec notamment 36 % d’électricité produite par le solaire, 31 % par l’éolien en mer et 21 % par l’éolien terrestre ;
  • Le second, M1, prévoit 100 % d’énergies renouvelables pour 2060, avec 36 % de l’électricité issue du solaire, 23 % de l’éolien terrestre et 21 % de l’éolien maritime ;
  • Enfin, le troisième scénario, M3, envisage la sortie du nucléaire et 100 % d’énergies renouvelables en 2060, cette fois en privilégiant les parcs éoliens à hauteur de 32 % pour l’éolien maritime et 21 % pour l’éolien terrestre.

Les trois autres scénarios “N” prévoient quant à eux un système mêlant énergies renouvelables et nucléaire :

  • Le quatrième scénario, N1, envisage la construction de huit réacteurs nouvelle génération, les fameux EPR, tout en privilégiant les énergies renouvelables, qui assurent plus des deux tiers de la production totale ;
  • Le cinquième, N2, prévoit la construction de deux réacteurs nucléaires EPR tous les 3 ans à partir de 2035, soit 14 EPR pour 2050. Les énergies renouvelables assurent ici 53 % de la production d’électricité en 2050 ;
  • Enfin, le sixième et dernier scénario, N03, prévoit la construction de quatorze EPR ainsi que plusieurs mini-réacteurs d’appoint*. Le nucléaire produirait encore 50 % de l’électricité, à part égale avec les énergies renouvelables.

*Il s’agit de petits réacteurs modulaires, moins puissants que les réacteurs classiques mais plus faciles à concevoir en série. Le premier SMR (“small modular reactor”) français devrait voir le jour au plutôt en 2035.

La bonne nouvelle, c’est que tous ces scénarios sont techniquement réalisables.

Notre consommation d’énergies fossiles va donc devenir nulle, ce qui va impacter notre consommation d’électricité à la hausse.


La consommation d’énergie va baisser, mais pas celle d’électricité

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’électricité n’est pas dominante dans le mix énergétique français, c’est-à-dire dans la répartition des différentes sources d’énergie primaire consommée en France.

Par exemple, le chauffage des bâtiments est assuré à hauteur de 16 % par l’électricité, contre 56 % pour les énergies fossiles.

La différence est encore plus importante dans le secteur des transports : 2 % d’électricité contre 91 % pour les énergies fossiles !

Pour atteindre la neutralité carbone, les énergies fossiles très émettrices de CO2, doivent être remplacées par des énergies dites “bas-carbone”, comme l’électricité ou les usages de la biomasse.

Par conséquent, la consommation d’électricité va inévitablement augmenter dans les années à venir.

Au regard de la politique actuelle, on estime à 35 % la hausse de la consommation d’électricité dans les 30 prochaines années, soit 1 % de croissance moyenne annuelle.

La consommation d’électricité en France devrait ainsi atteindre 645 térawatt-heure (TWh) en 2050, contre 468 en 2021.

C’est pourquoi il est primordial d’augmenter notre capacité de production d’électricité, comme prévu dans les différents scénarios.


Atteindre la neutralité carbone en 2050 est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables

Pour être neutre en carbone en 2050, la France doit produire plus d’électricité qu’aujourd’hui.

D’autant que :

  • Les centrales nucléaires, pour la plupart construites dans les années 80, devront fermer d’ici 2060, du fait de leur vétusté ;
  • Les panneaux solaires et éoliennes première génération cesseront également de produire de l’électricité.

La majorité des sources de production qui alimenteront la France en électricité en 2050 n’existent donc pas aujourd’hui.

Mais les nouveaux réacteurs dont la construction est décidée dès aujourd’hui n’entreront en service qu’à partir de 2035 au mieux.

Lors d’une réunion publique, les acteurs de la filière nucléaire ont proposé plusieurs pistes, dont la plus ambitieuse prévoit d’atteindre un parc nucléaire d’une capacité totale de 50 gigawatts (abrégé GW) en 2050 (contre 61,4 GW aujourd’hui), ce qui correspond au scénario N03.

Ce scénario représente un important défi industriel : la construction de nouveaux réacteurs nucléaires devra se faire à grande échelle et à un rythme soutenu.

Il nécessite également de prolonger la durée de vie de la majorité des réacteurs actuels jusqu’à 60 ans alors qu’ils sont initialement construits pour fonctionner durant 40 ans.

Malgré tout, ce parc nucléaire de 50 GW ne pourrait produire que 325 TWh par an. On est bien loin des 645 TWh consommés prévus pour 2050.

Quel que soit le scénario choisi, il est donc essentiel de développer les énergies renouvelables.

L’étude Futurs Energétique 2050 conclut “sans aucune ambiguïté, au caractère indispensable d’un développement soutenu des énergies renouvelables électriques en France pour respecter ses engagements climatiques.”


Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires est possible mais difficile

Dernière conclusion à retenir : les scénarios “100 % renouvelable” (M0, M1 et M3) nécessitent une inflexion très importante du rythme de développement des parcs d’énergies renouvelables.

Le scénario M0, qui prévoit une sortie du nucléaire dès 2050, “représente un défi industriel majeur […]. Même un scénario de relance du nucléaire avec un programme minimal de six réacteurs implique d’atteindre des rythmes de déploiement des renouvelables particulièrement élevés.


Conclusion

Quel que soit le scénario choisi pour atteindre la neutralité carbone, un défi de grand ampleur nous attend.

Depuis la publication de cette étude, Emmanuel Macron a été réélu.

Elisabeth Borne, sa nouvelle Première Ministre a déclaré en mai dernier que c’était maintenant à Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition énergétique, de “trouver la bonne feuille de route, les bonnes mesures pour qu’on ait demain de l’énergie produite à partir d’énergies renouvelables et de nucléaire”.

La France semble donc se diriger vers l’un des trois scénarios mêlant énergies renouvelables et nucléaire.

Rendez-vous sur le site de RTE pour consulter l’étude Futurs Énergétiques 2050.

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